Tome 1 – Les viaducs de plus de 150 mètres
L’invention de la machine à vapeur, pur produit britannique, a donné naissance au XIXe siècle
aux voies ferrées, dont le développement dans toute l’Europe comme en France a été prodigieux.
Pour le franchissement par les routes et chemins des cours d’eau et des vallées, l’usage de ponts
en maçonnerie et en bois était commun. Cette dernière pratique ne pouvait s’appliquer aux voies
ferrées eu égard au tonnage des convois et à leur vitesse. Les bâtisseurs de l’époque ont donc eu
recours, lors de l’épanouissement du réseau ferré, à des ouvrages soit avec tablier métallique,
soit en maçonnerie, voire en briques. Ils s’intègrent dans les paysages qu’ils ne dénaturent pas,
même si la végétation environnante en a caché certains, et sont autant de points de repère
géographique qui aiguisent l’appétit des sujets curieux se passionnant pour le patrimoine.
Quoique isolé dans un recoin du Cantal, le plus connu, emblématique et mythique avec sa dentelle
d’acier, est celui de Garabit, mais notre sélection vise aussi ceux, remarquables, de Cize-Bolozon
et de Longeray implantés dans des sites agrestes au-dessus respectivement des vallées de l’Ain
et du Rhône. La période 1840-1900 a vu éclore une toile d’araignée ferroviaire dans tout
l’Hexagone pour les besoins des lignes d’intérêt général à voie normale, mais aussi pour celles
d’intérêt local à écartement métrique, fortement étrillées de nos jours.
Les entreprises de travaux publics ont donc eu à construire une quantité considérable de viaducs
dont la hauteur s’est peu à peu élevée jusqu’à 134 m et de ponts de moindre envergure lancés souvent
au fil de l’eau… La technique métallique a fait appel à l’origine à des tabliers à treillis soit inférieur,
soit supérieur formant pont-cage avec des travées d’envergure variable. Certains ont hérité d’arcs de
grande portée en cantilever avec poutres en porte-à-faux du plus bel effet. Ils figurent dans la gamme
des plus grandioses et spectaculaires. Ceux en maçonnerie ont reçu un nombre d’arches voûtées variables,
d’au moins six mètres d’ouverture, avec plusieurs exemples d’arc. Certains présentent un mélange de
travées métalliques et d’arches maçonnées. Après 1945, la technique du béton armé a remplacé la
construction traditionnelle en pierres et a été appliquée aux quelques lignes nouvelles de la banlieue parisienne.
Quelle que soit la technique retenue, la dissémination de ces ouvrages dans tout l’Hexagone a été faramineuse.
Si les uns et les autres sont très peu nombreux dans l’Est et le Nord de la France, ils essaiment dans l’Ouest,
le Sud-Ouest et le Sud-Est.
Cible des grands conflits de 1870, 1914-1918, 1939-1945, ce type d’ouvrages d’art a subi des reconstructions,
quelquefois selon des schémas architecturaux différents. Pour absorber l’accroissement des trafics, plusieurs
d’entre eux ont été élargis avec des voies supplémentaires. À partir des années trente, l’abandon de toute
circulation sur une constellation de lignes à très faible trafic a entraîné la neutralisation de nombre d’ouvrages,
soit reconvertis en route, chemin de randonnée, piste cyclable, voire utilisés pour des pratiques sportives
(saut à l’élastique), soit purement et simplement démolis.
A contrario, une centaine d’ouvrages neufs de grandes dimensions ponctuent les lignes nouvelles à grande
vitesse depuis 1980.
Notre tour d’horizon a pour but d’établir une vitrine de ce type d’installations dans l’Hexagone, en recensant,
certes en priorité, autant que faire se peut, les viaducs de plus de 150 m d’envergure, mais sans oublier d’évoquer
la famille des ponts dont certains, importants, auraient dû être labellisés « viaducs » dans la nomenclature officielle.
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